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Sortir de l’habitat individuel

Sortir de l'habitat individuel

Le nombre moyen de personnes au sein d’un ménage est en baisse en France depuis les années 70. D’après l’INSEE, de plus en plus de personnes vivent seules : 20 % des personnes de plus de 15 ans en 2017, contre 13 % en 1990. Pour le Centre d’observation de la société, il y a quatre raisons principales à cela : 

  • L’allongement de la jeunesse. La part de jeunes résidant seuls a doublé entre les années 1960 et la fin des années 2000. 
  • L’instabilité des couples. Si les couples divorcent moins, ils se séparent davantage. L’INSEE a réalisé entre 2013 et 2014 une étude sur l’ensemble de la population : 253 000 couples formés de personnes âgées de 25 à 45 ans se sont rompus en moyenne annuelle entre 2009 et 2012, contre 155 000 entre 1993 et 1996. 
  • La progression du maintien des personnes âgées à domicile. L’écart d’espérance de vie entre femmes et hommes fait que l’on compte beaucoup plus de veuves que de veufs. Et celles-ci sont logées de plus en plus tard en maison de retraite.
  • Une part de la population choisit également de vivre seule tout au long de sa vie. La part des personnes n’ayant jamais vécu en couple à 35 ans est quasiment la même pour la génération née en 1948-1957 et la génération 1968-1977 (le taux passe de 12 à 13 %). 

Il existe donc une multitude de réalités derrière le fait de vivre seul. Néanmoins, on observe que ce phénomène se multiplie et touche de plus en plus de personnes aux profils variés. Pour le chercheur et sociologue Pierre Bréchon, « Nous avançons de plus en plus vers une société d’individualisation ». Que ce soit dans les valeurs familiales, politiques, et religieuses, la culture du choix s’impose, et avec celle-ci l’autonomie des individus et leurs capacités à orienter leurs actions sans être contrôlé et contraint. Cette individualisation, poussée par le modèle de société capitaliste et la baisse de l’influence catholique dans les mœurs sociales, a également entraîné un affaiblissement des liens sociaux

C’est d’ailleurs le constat que fait Damien Deville dans le podcast des Echos d’Eco-Habitons : “L’écologie relationnelle, quand la qualité du lien peut sauver le monde”. Il critique dans celui-ci l’uniformisation des territoires et des paysages, et promeut la rencontre et l’échange pour une plus grande diversité de nos pensées, dans la découverte du vivant, des individus et des cultures. Pour lui, penser le territoire par le biais de la relation  “dessine de nouveaux les espaces vécus, et propose une forme de réconciliation entre sciences de la terre, et sciences humaines.” Jardins partagés, habitat collectif et solidaire, éco-villages, économie circulaire de proximité, sont donc autant de pratiques à mettre en place pour restaurer les liens qui nous unissent et qui nous reconnectent à l’environnement.

Pour aller plus loin :

L’individualisation progresse, mais pas l’individualisme, par Pierre Bréchon, Le monde, 24 avril 2009

Site de Damien Deville

Centre d’observation de la société

Jean Laurent Cassely, La France sous nos yeux. Economie, paysages, nouveaux modes de vie, Seuil, Octobre 2021

 

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