Ré-emploi et réutilisation
Le réemploi est une technique ancienne pratiquée dans de nombreuses cultures. En termes d’architecture, les Egyptiens, Grecs et Romains, par exemple, récuperaient les métaux de leurs anciennes constructions pour en bâtir de nouvelles. Au Japon, le kintsugi 金継ぎ est un art qui consiste à réparer des poteries avec de l’or. En donnant une seconde vie aux objets, cette philosophie traite les cassures et les réparations comme faisant partie de leur histoire et pas quelque chose à déguiser. Lorsqu’il s’agit d’utiliser de nouveau des substances, matières ou objets qui ne sont pas considérés comme des déchets pour un usage identique, on parle de réemploi. Quand, au contraire, on donne un nouvel usage à des substances, matières ou objets qui étaient devenus des déchets, on parle de réutilisation.
La valeur écologique de ces techniques n’est pas négligeable à une époque marquée par des pénuries de matériaux. Mais éviter l’extraction de nouvelles ressources n’est pas leur seul avantage : en développant de nouvelles filières pour éviter la création de déchets, la réutilisation comme le réemploi aident à la dynamisation des territoires. Participer à cette dynamique, ce n’est pas seulement utiliser des objets et des matériaux d’occasion, c’est aussi mettre à disposition des autres ce que nous pensions mettre à la benne.
Dans la construction, il y a encore des défis dans la reconnaissance du réemploi. Entre les visions erronées, les méconnaissances des particuliers comme des professionnels et la méfiance de certaines entreprises ou assurances, il y a encore un long chemin à parcourir pour démocratiser cette pratique. En effet, le savoir-faire lié au réemploi s’est perdu graduellement avec l’industrialisation des processus de construction. Les prix du stockage sont aussi devenus une contrainte. Cependant, certains aventuriers luttent aujourd’hui pour ré-établir le réemploi comme un moyen de construire plus durable. Des pratiques architecturales comme celle de l’Atelier Aïno, Mobius, Rotor en sont quelques exemples ! Il y a également de nombreux supports où l’on peut trouver des informations sur la dépose soignée, le gisement et le remontage des différents matériaux de réemploi.
Pour aller plus loin :
Le travail de Rotor en Belgique
La matériauthèque de Bruxelles
Autoconstruire en ré-emploi, Audrey Bigot, Martin Barraud, Atelier moins mais mieux, Edition Ulmer, 2021