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Les circuits-courts de proximité

Introduction

L’essor de la mondialisation et de l’agro-industrie ont induit des circuits longs dans le secteur alimentaire. Par conséquent, les aliments que nous consommons sont souvent délocalisés et proviennent de circuits longs c’est-à-dire qu’ils sont passés par plusieurs intermédiaires depuis le producteur jusqu’au consommateur. La proximité s’élargit avec le temps.

Or les circuits longs comportent de nombreuses problématiques que ce soit sociales, économiques ou environnementales. En effet, les producteurs peuvent ne pas être rémunérés à juste prix. Aussi, importer des produits d’un pays étranger va porter préjudice aux producteurs locaux et aux consommateurs car les normes de production diffèrent d’un pays à l’autre. Par exemple en France, dans le secteur agricole certains produits chimiques sont interdits ou avec des normes à respecter tandis que dans d’autres pays ceux-ci ne sont pas interdits et pourtant leurs productions agricoles vont être importées en France. Les circuits longs constitués de nombreux intermédiaires comportent beaucoup de transports, d’emballages, de conservateurs portant atteinte à l’environnement. De plus, le degré d’autonomie alimentaire moyen dans certaines aires urbaines en France ou dans certains pays s’affaiblit.

Les producteurs doivent aujourd’hui répondre à des enjeux sociaux, économiques , environnementaux et de souveraineté en produisant des denrées alimentaires de qualité et en quantité suffisante tout en respectant l’environnement et en assurant une rentabilité des productions. Le circuit court s’impose comme une alternative au circuit long car celui-ci va prendre en compte les dimensions sociales, environnementales et économiques du territoire. On va notamment parler du circuit court dans le monde agricole mais celui-ci concerne d’autres secteurs comme celui de l’habillement….

Source : “Le parisien”

Aujourd’hui c’est environ « 20% des exploitants agricoles qui vendent tout ou une partie de leur production en circuit court » selon l’Ifop/ Inrae.

Définition

Selon le ministère de l’Agriculture un circuit court “C’est un mode de commercialisation des produits agricoles qui s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte à condition qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire.

En effet, un circuit court est un circuit qui possède le moins d’étapes possibles. C’est un système de distribution de produits dont l’objectif est de réduire les intermédiaires entre le producteur et le consommateur. On va parler de circuit court si un producteur vend sa production à des clients directement ou par le biais d’un seul intermédiaire.

Il faut différencier les circuits courts et le local car la définition de circuit court n’inclut pas la distance. Un produit peut venir de l’autre bout du monde et pourtant être dans une démarche de circuit court. Néanmoins, avec les circuits courts on essaye généralement d’inciter à une consommation plus locale et ainsi diminuer les distances géographiques car à travers les circuits courts ce que l’on cherche c’est une transparence sur les produits tout en soutenant l’économie locale. Celui-ci va permettre de réadapter nos modes de consommation et recentrer ceux-ci vers le pays et ainsi, en consommant local, être bénéfique à l’emploi.

Un circuit court est finalement une forme d’échange économique valorisant le lien social, la transparence, l’équité et la coopération entre acteurs tout en favorisant l’emploi local et en réduisant l’impact environnemental. Ce système va donc inclure les producteurs mais également les consommateurs qui participent au dynamisme du territoire en achetant par ce biais.

Les différents types de ventes

1. Vente directe producteur-consommateur : La vente directe permet aux agriculteurs de mener leur propre activité en toute indépendance.

  • Marché : marché de producteurs, marché paysan…
  • Vente à la ferme : points de vente à la ferme, cueillettes, paniers
  • Drive fermier : Passer commande en ligne et récupérer son panier à la ferme
  • Vente par correspondance : par internet et livraison
  • AMAP: (association pour le maintien de l’agriculture paysanne). Le principe d’une AMAP est qu’un groupe de consommateurs qui s’associent et paient à l’avance des producteurs locaux pour qu’ils leur fournissent chaque semaine un panier d’aliments frais et de saison que le producteur choisit par rapport à sa production.

2. Vente avec un intermédiaire : La vente avec un intermédiaire facilite la charge de travail des agriculteurs car produire et vendre directement est un double métier pour eux.

  • Magasins de producteurs : correspond à des magasins qui regroupent différents exploitants agricoles.
  • Commerçant-détaillant : épicerie, boucherie…
  • La restauration
Sources : 1 : “Mairie du 11e — Mairie de Paris” ; 2 : “Wikimedia Commons” ; 3 : “LSA” ; 4 : “Pixabay”

La demande

Les produits locaux sont de plus en plus demandés par conviction écologique mais aussi par envie de transparence sur la provenance des produits.

Selon l’Inrae/Ifop «70% des Français préfèrent manger local et souhaitent soutenir l’agriculture biologique et paysanne» et 83% de personnes interrogées lors d’un sondage réalisé par l’institut YouGov et Huffpost se déclarent prête à “ faire des efforts pour diminuer l’impact environnemental de leur assiette”. Fruits, légumes, viandes, miel, pain, vin, produits laitiers… en optant pour des produits issus de circuits-court on ne change pas réellement son régime alimentaire car on peut trouver de tout comme en épicerie.

En effet, aujourd’hui, les consommateurs veulent se diriger vers des produits dont la provenance n’est pas douteuse afin de savoir exactement ce qu’ils mangent, c’est avant tout pour des raisons de santé. Un produit qui provient d’un circuit court est souvent instinctivement considéré de qualité sans même avoir besoin d’être bio, d’autant plus qu’un produit bio peut provenir de l’étranger. D’après une étude réalisée par l’Iri, les consommateurs préfèrent acheter des produits locaux que des produits bios, 39% contre 26%. De plus, on compte environ 10% selon l’Ifop / Inrae des exploitations privilégiant le circuit court en agriculture biologique contre 2% en circuit long, cependant les autres privilégient souvent des pratiques agroécologiques, réduisant ainsi leur impact sur l’environnement.

Ensuite vient la conscience sociale et écologique, d’une envie de participer à l’économie locale et d’avoir un impact moindre sur l’environnement. Aussi acheter des produits locaux va avoir un intérêt économique pour certains comme par exemple les restaurateurs qui vont mettre en avant l’argument d’une cuisine avec des produits frais et locaux et ainsi attirer un panel de clients à la recherche de cette philosophie de vie !

Les consommateurs

La demande de produits provenant de circuits-courts locaux est en bonne voie, cependant entre la demande et la réalité de consommation on observe une différence car ces produits ne représentent que 5 à 10% de la consommation alimentaire en France selon l’Inrae / Ifop.

L’un des freins majeurs pour les consommateurs à la consommation locale va être l’accessibilité aux produits locaux. En effet, pour les personnes en zone urbaine consommer local va leur sembler moins accessible que pour des personnes en zone rurale. Pareillement ceux en zone rurale qui devraient aller d’une ferme à une autre pour acheter leur produit se tournent vers les supermarchés qui offrent en un seul lieu tout ce dont ils ont besoin.

Cependant il existe de nombreux sites internet et applications proposant des services de livraisons à domicile, en point retrait ou encore de mise en relation directe entre un producteur à proximité et un client. De plus, en ville, comme par exemple à Paris, on trouve des magasins de producteurs en contact direct avec des agriculteurs.

→ Voici une liste qui peut aider à consommer local sans se compliquer la tâche :

Vente directe en ferme :

  • Bienvenue à la ferme : Ressources plus de 8000 producteurs en France chez lesquels on peut acheter en vente directe et pour certains visiter les exploitations.
  • AMAP : Vente directe de panier de produits frais et locaux d’un ou plusieurs agriculteurs à destination d’un groupe de consommateurs qui se sont associés au sein d’une AMAP.
Source : “AMAP de la butte”

Plateforme de commande / Services de livraison en vente directe et indirecte :

  • Pour de bon : Plateforme de commande en ligne de produits frais qui met en relation des producteurs et des consommateurs. Possibilité de commander de n’importe où en France. Livraison à domicile.
  • La ruche qui dit oui : Commande en ligne de produits locaux qui parcourent en moyenne 60 km. Retrait de la commande dans la ruche la plus proche de chez vous. Service de livraison à domicile proposé par certaines ruches.
Source : “Les Echos”
  • Kelbongoo : Plateforme de commande en ligne qui propose des produits locaux à moins de 250 km du point de vente. Livraison des produits venant de fermes à des points de vente destinés au marché local.
  • La tournée des producteurs : Drive fermier à destination des producteurs et des consommateurs à proximité. Vente directe par livraison à domicile des produits.
  • A l’ancienne : Service de livraisons de produits locaux. Commande sur leur site internet puis les produits sont récupérés dans des fermes locales et livrés à domicile.
Source : “Parisianavores”

Magasins de producteurs en région parisienne :

  • Terroirs d’avenir : Magasins de producteurs à Paris qui proposent des produits français, italiens et espagnols. Des produits de qualités et de saisons avec une transparence totale sur leur origine et leur mode de production.
  • Les poireaux de marguerite : Magasins de producteurs à Paris qui proposent des produits locaux à moins de 200km de Paris. Livraison à domicile possible sur Paris et la petite ceinture.
  • Au bout du champ : Magasins de producteurs à Paris et région parisienne qui proposent des produits frais et de saison à moins de 160 km du point de vente. Les fruits et légumes sont récoltés le jour-même.
Source : “Au bout du champ”
  • Les halles de l’aveyron : Magasins de producteurs présents en région parisienne qui proposent des produits issus de circuit court

Un autre frein majeur est le prix. Produits locaux évoquent souvent des prix plus élevés. Un sondage réalisé par selon le Figaro montre en effet que les français gagnant plus de 3500 euros par mois vont être plus attentifs au fait d’acheter du local, environ 47% contre 32% de français qui gagnent moins de 2000 euros.

Une étude a été réalisée par “l’UFC Que Choisir”, afin de comparer les prix d’un panier de fruits et légumes provenant d’une agriculture bio et d’une agriculture conventionnelle (les aliments conventionnels proviennent d’une agriculture conventionnelle c’est à dire qu’ils sont “souvent produits en grandes quantités par de grandes compagnies et ont habituellement subi plusieurs étapes de transformation et contiennent des additifs alimentaires chimiques tels colorants, agents de conservation, arômes artificiels, etc.”) à un panier de fruits et légumes en supermarché. Les résultats de cette étude ont démontré que dans les deux cas les paniers de produits des magasins de producteurs étaient moins chers, selon eux « à qualité équivalente et à condition de respecter les saisons, les produits peuvent être jusqu’à 20 % moins chers en circuit court. » Évidemment il faut trouver l’agriculteur et / ou l’intermédiaire qui va correspondre le mieux en termes de prix car, tout comme en supermarché, les prix varient.

Une autre étude réalisée par “Mangeons local.bzh” compare un panier de supermarché à celui d’un maraîcher bio. Le panier de produits locaux BIO est au prix de 11,50€ contre 14,60€ pour celui de produits bio et conventionnels en supermarché. En revanche, en ne prenant que du conventionnel au supermarché, le même panier est d’environ 9€.

On remarque donc qu’une personne déjà soucieuse de la qualité de ses produits et qui peut se permettre d’acheter des produits de qualité en supermarché peut retrouver ces mêmes produits mais en circuit court pour des prix équivalents voir plus bas. Tout cela afin de garantir plus de transparence, des produits frais, une participation à l’économie locale et un moindre coût environnemental ! En revanche, les personnes n’achetant que du conventionnel en supermarché pour des questions financières ou autres ne seront pas gagnantes financièrement en se dirigeant vers du local. Réduire la quantité et privilégier la qualité est une solution également mais qui ne s’offre pas à tout le monde. Alors en effet au niveau financier, comparer du local à du bio en grande/moyenne surface est un bon argument mais du local à du conventionnel n’est pas aussi pertinent.

Un prix en grande surface est différent d’un prix en circuit court car le rapport qualité-prix reste à prendre en compte, ce n’est ni les mêmes variétés de produits, ni les mêmes modes de productions ou encore les mêmes conditions (frais/stockage). Le local va donc s’adresser à ceux qui essayent et/ou qui peuvent déjà se permettre de privilégier les produits de qualité en supermarché. En revanche, il est tout à fait possible comme le montre l’étude de l’UFC de trouver son producteur à moindre coût mais en prenant bien en compte certains aspects (saison, équivalence de qualité..).

Avantages

  • Stimulation de l’économie locale : Les circuits courts constituent une réelle opportunité de développement du territoire car celui-ci va mobiliser les ressources locales c’est-à-dire les matières premières, la main d’œuvre et savoir-faire et ainsi créer et maintenir de l’emploi.
  • Meilleure reconnaissance du travail des agriculteurs : En circuit court les agriculteurs vont être rémunérés avec des prix plus justes ; certains ont une partie de leur vente en circuit court et ainsi de la valeur ajoutée
Source : “Flickr”

Réduction de l’impact environnemental : En réduisant les intermédiaires entre producteur et consommateur à un seul maximum, on réduit de surcroît la pollution liée au transport des produits si les conditions sont optimisées, mais aussi les emballages et les déchets car dans ce cas-là les fruits et légumes n’ont pas besoin de respecter les calibres imposés par la grande distribution. Les producteurs locaux vont également être incités par rapport à la demande à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement et de la santé.

  • Transparence : Acheter en circuit-court c’est savoir ce qu’on met dans nos assiettes
Source : “Rawpixel”
  • Plus d’indépendance : Il est possible pour le producteur d’adapter mais aussi de maîtriser sa production en fonction de la demande. De plus, celui-ci dépend moins des variations présentes sur le marché.
  • Tissage de lien : Circuit court veut souvent dire que les acteurs sont proches ce qui va permettre de créer des liens entre producteurs, consommateurs et avec l’intermédiaire et ainsi réfléchir ensemble. Il va permettre d’avoir une approche plus collective en incluant tous les acteurs dans les décisions et réflexions.
Source : “Pixabay”

Autonomie et Résilience : En soutenant les producteurs locaux, cela permettrait à notre territoire d’être plus autonomes et résilient en cas de crise ( restrictions de déplacements et échanges, chocs climatiques…

Inconvénients

  • La charge de travail des agriculteurs : En circuit court, l’agriculteur est à la fois le producteur et le vendeur ce qui représente du travail en plus pour celui-ci. D’autant plus qu’un agriculteur n’est pas forcément spécialisé dans la vente, il doit alors également devenir un commercial. Par exemple, un agriculteur peut avoir des pertes avec une démarche de circuit court si celui-ci ne fixe pas un bon prix.
  • Coûts supplémentaires pour l’agriculteur : Les producteurs doivent bien investir dans du matériel pour les livraisons, les marchés, la vente, les productions…
  • Vente indirecte : Passer par un intermédiaire bien que ce soit moindre par rapport à un circuit long inclut de céder une partie de son chiffre d’affaires encore à autrui.
  • Le choix : Lorsqu’un consommateur achète en circuit court en passant par la vente de panier, il ne choisit pas ce qu’il consomme car il se trouve souvent dans le panier les production du moment de l’agriculteur, ce qui limite le choix des consommateurs.
  • Le hors-saison : Les produits achetés en circuits courts mais hors saison favorisent certes l’économie locale mais ont un impact supplémentaire sur l’environnement. En effet selon l’ADEME «Des aliments produits localement mais « hors saison » sous serre chauffée pourront consommer plus d’énergie et rejeter plus de gaz à effet de serre que des produits importés de pays où ils sont cultivés en plein air, même en incluant le transport”
  • Logistique : Selon l’ADEME, il est nécessaire « de mobiliser un moyen de transport en adéquation avec le volume transporté, d’optimiser son remplissage et de faire appel à des véhicules “propres” » car bien que les distances parcourues soit plus faibles celle-ci peuvent émettre plus de gaz à effet de serre

Conclusion

Les circuits courts permettent donc de maintenir et de relocaliser les activités agricoles afin de favoriser le développement local des activités et d’ouvrir de nouveaux débouchés pour les locaux. Il va en effet stimuler l’économie des territoires en mobilisant des ressources locales tels que les produits, la main d’œuvre, les savoirs faire et les compétences. Ainsi cela va permettre de valoriser les territoires. Ce type de circuit répond à certains des enjeux sociaux, environnementaux et économiques. Les agriculteurs qui décident de se lancer dans une démarche de circuit court doivent donc faire cela avec une approche raisonnée et réfléchie afin que celle-ci répondent réellement à ces enjeux auxquels notre système de consommation est confronté. Afin qu’un circuit court ait réellement un impact moindre sur l’environnement par rapport aux circuits longs, selon l’ADEME « un certain nombre de conditions liées au mode de production, au transport et à la conservation des produits doivent être respectées pour que ce soit effectivement le cas. » car avec des moyens de transports inadaptés ou encore avec une logistique mal optimisée, les circuits-courts peuvent émettre plus d’émission de gaz à effet de serre qu’un circuit long. Néanmoins, lorsque les conditions sont optimales, les circuits courts présentent un réel potentiel en termes de réduction de gaz à effet de serre. Il faut donc privilégier les bonnes pratiques afin d’optimiser les gains environnementaux de cette forme d’échange.

Finalement un circuit court c’est du lien social, de la transparence, de la coopération et de l’équité. C’est aussi repenser l’organisation du travail et ses objectifs en favorisant la qualité et la durabilité.

Sources

ADEME, “Alimentation — Les circuits courts de proximité” (2017)

CRESS, “Opportunités de l’alimentation durable & des circuits courts dans l’ESS”

EcoCO2,“L’impact environnemental des circuits d’alimentation courts et de proximité”(2017)

Fondation GoodPlanet, “3 minutes pour comprendre les circuits courts”(2017)

Ministère de la Transition écologique et solidaire, “Economie sociale et solidaire : les circuits courts alimentaires” ( 2017)

Mangeons local.bzh, ““Manger local coûte plus cher”…vraiment ?”(2019)

WiziFarm, “Vendre en circuits courts : opportunités et défis”(2020)

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